(Cliquez sur «Plus d'info» à la fin de la page pour lire le texte au complet. C'est un grosse journée !)
Fins prêts, on a pris place dans notre belle Hyundai Accent un peu avant 10h pour prendre la route vers Trujillo. Après une étude approfondie de la carte routière, hier soir, les deux experts en navigation avaient estimé la durée du trajet à une quarantaine de minutes. Le soleil aidant, la route se déroulait sous nos yeux comme un grand ruban entre les montagnes, tantôt en collines, tantôt en plaines, le paysage nous faisait découvrir une nature verdoyante et abondante. On sent dans cette région agricole que la terre est généreuse. Les plantations de bananes, d’oranges, de pamplemousses, se succèdent et les kiosques de fruits foisonnent. Enfin! on a pu acheter notre premier régime de bananes pour 30 lempiras (1,50$)! Puis, après une heure, on a laissé cet enchantement derrière nous pour réaliser que nous avions manqué la petite route en bordure de mer projetée par les pilotes et que nous allions être confinés à une plus grande, et surtout plus longue, route. On est finalement arrivés à destination plus de deux heures après notre départ!
Trujillo est située d’un côté d’une grande baie. De l’autre côté du bras de terre, on peut apercevoir des usines et des petits villages. Un peu comme Québec mais en plus inspirant et sans touristes… Le centre de la ville, le Parque Central et la Forteresse de Trujillo se situent en haut d’une falaise surplombant une petite rue qui longe la mer.
C’est là que nous avons laissé la voiture pour emprunter les escaliers et le sentier qui mène à la mer et à une enfilade de restaurants. Comme nos estomacs criaient famine depuis longtemps, notre choix s’est arrêté sur la Playa Dorada qui offre des tables sur la plage coiffées par des toits de chaume.
Et nous, on craque toujours pour les toits de chaume! On s’est installé et après avoir commandé, des enfants attablés à côté de nous, sont venus demander, en anglais, aux nôtres s’ils voulaient aller jouer dans la mer avec eux. C'est comme si la gardienne unilingue était revenue les hanter... Un peu de persuasion parentale a réussi à convaincre les garçons de profiter de cette offre gracieuse. Les filles sont restées à table pour gérer la ribambelle de vendeuses itinérantes qui défilaient. On a donc, pour encourager le commerce local en achetant du pain de coco et un bracelet d’artisanat pech, mais refusé trois autres vendeuses de pain, une tresseuse de cheveux, un vendeur de peintures de sous-sol et un vendeur de mangues vertes!!!
On s’est régalé avec un plat de poisson « a la plancha », des conques panées à l’ail, un ceviche de crevettes et conques et une assiette de riz aux crevettes. Les pieds dans le sable, la plage, la mer et une température délicieuse ont évidemment ajouter une touche idyllique à ce repas grandiose. Il nous a presque fallu un peu de courage pour quitter l’endroit et faire une visite touristique de la ville.
On a commencé par la vieille forteresse qui surplombe le restaurant qu’on venait de quitter et qui est constitué de deux bâtiments et de plusieurs canons. On s’est ensuite dirigé vers le vieux cimetière de la ville, où Jules, notre pirate, devait trouver la tombe de William Walker.
Cette aventure faisait partie d’un projet pédagogique où il devait effectuer des recherches avant notre expédition et produire une bande dessinée au retour (voir sur son blogue pour le résultat). Le cimetière s’est avéré un endroit enchanteur.
Muré sur trois côtés et donnant sur la mer, un désordre organisé y inspirait un réconfort qui portait à la contemplation. Une jolie musique nous parvenait d’un commerce voisin et la suite de fleurs tropicales et de tombes décrépites s’unirent tous pour faire de ce moment une charmante pause.
Le pirate a effectivement trouvé la tombe de M. Walker dont vous googlerez le nom pour avoir un aperçu de cet excentrique personnage et de la raison pour laquelle il repose à Trujillo, nous on a fait notre part pour l’éducation...
Puis, on est remonté dans l’auto pour aller au Parque National Capiro-Calentura. Trujillo est une ville à flanc de montagne et on a fini par trouver ce qui devait être le parc tout en haut, là où la route s’arrête. On a en fait trouvé ce qui fut jadis une guérite où on devait théoriquement payer les droits d’entrée .On a compris pourquoi Tony ne savait pas de quoi on parlait quand on lui a parlé de ce lieux. Qu’importe, on n’a pas fait deux heures de route juste pour manger et visiter le monument funéraire d’un pirate alors on a enfilé nos chaussures de marche et sommes partis dans la montagne sur une route qui fut surement, naguère, carrossable, mais que des pluies et le temps ont fini par laissés pleine de cratères dont certains creux de plusieurs mètres.
Après une petite demi-heure de marche, nous est apparu un petit sentier assez escarpé qui semblait mener vers une rivière. Une fois en bas, on a découvert un genre de digue en béton avec un système d’évacuation du trop-plein. En bas de la digue, de grosses roches jonchaient le lit de la rivière et on a décidé d’y faire une grande pause. L’eau des cascades et la fraîcheur de la rivière ont été accueillies en sauveur et nous ont permis de nous refaire une petite constitution après notre randonnée. L’eau, le bruit des chutes, le soleil et le haut couvert forestier donnaient à ce lieu un caractère empreint de sérénitude et de calme tout à fait propre à un besoin de quiétude familial.
Comme il commençait à se faire tard, on est remonté vers la « route » principale et sommes redescendus vers l’auto rafraîchis et heureux de notre découverte, bien que toujours en reste de singes hurleurs. On a ensuite, brièvement entretenu l’idée de trouver des bains thermaux inexploités, mais vu que le soleil commençait à descendre, on s’est plutôt rabattu sur l’idée d’aller contempler le couchant sur la pointe de la baie de Puerto Castilla faisant face à Trujillo.
Comme le soleil se couche rapidement, on s’est lancé dans une course effrénée pour arriver à la pointe à temps. On s’est malheureusement rivé le nez sur une barrière fermant l’accès au port que nous croyions être des usines de l’autre côté. On a vite fait demi-tour et stationné sur une plage juste une minute trop tard pour voir la fin du jour… Dommage! On est retourné vers la rue des restaurants sur le bord de la mer et avons convenu d’en essayer un autre que notre guide recommandait aussi.
La Perla del Caribe était désert! En s’attablant devant une Imperial bien méritée, on découvert que le menu ne nous inspirait nullement. De plus, le serveur, désoeuvré vu le vide qui remplissait son établissement, voulait tellement être notre ami que nous avons fini par quitter et retourner, discrètement, où nous avions mangé le midi. On y a retrouvé une saine ambiance avec des gens attablés et on a commandé, frugalement puisque nous n’avions pas si faim, une assiette de riz (pour 3 personnes) des frites « con queso » c'est-à-dire avec du fromage (!!!) et des tajadas (chips de plantain vert frites). Le serveur nous a alors demandé si on voulait vraiment SEULEMENT ça…
On se sentait un peu mal, mais quand l’assiette de riz, de format gargantuesque, et les autres plats sont arrivés, on n’a pas pu s’empêcher, tous à la fois, de s’esclaffer de rire. Le serveur s’est presque senti vexé, mais il a semblé comprendre, dans notre espagnol de Basque, que nous étions surpris du format des assiettes et il nous a laissés s’empiffrer. Rapidement après la fin du repas, les enfants sont passés en mode surexcité et on a quitté en vitesse avant d’avoir l’air plus gringo que nous le sommes déjà!
En s’asseyant dans l’auto, on convient de rentrer par la petite route qui, sur notre carte routière, longe la mer et semble au mois deux fois plus courte que la grande route par laquelle nous sommes venus ce matin. C’est cette route qui était le fondement de l’estimation de 45 minutes pour venir ici. En fait, elle longe la mer jusqu’à Jutiapa, une ville qui est à environ une demi-heure de route de la maison. On quitte donc Trujillo by night et on aboutit bien vite sur une route de terre battue. Le temps de se démêler un peu et de demander des explications à plusieurs passants, on se retrouve finalement sur le route du raccourci. La terre battue cède lentement la place à des cahots énormes avec des craques et des ornières beaucoup trop grandes pour notre Hyundai Accent. On parvient quand même à se frayer un chemin, mais notre vitesse de croisière oscille aux alentours de 20 km/h… On sait cependant que nous sommes sur la bonne route car nous rencontrons deux villages qui sont sur la carte; Guadeloupe et Santa Fe. Nos certitudes s’arrêtent là!
Puis, au détour d’une courbe, on tombe sur une rivière! Le lit en est bétonné et un système de poteau avec un code de couleur indique la dangerosité du passage. Comme les poteaux sont au sec, et que l’eau semble peu profonde par-dessus le béton, on s’aventure et, dans la rigolade totale, on traverse sans aucun problème. Quelques minutes plus tard, une nouvelle rivière nous attend et on procède rapidement à la même évaluation avant de s’y aventurer sans ambages. À la troisième, on regarde à peine et on fonce; c’est le pays qui rentre! Signe qu’on est sur la bonne voie, on finit par rejoindre un autobus. Même si on est surpris que cette région et cette route soient desservies par une compagnie de transport, on le suit, rassurés. L’autobus finit par s’arrêter dans un village, quelques mètres passés une église de fortune, ouverte aux quatre vents sur le bord de la route et dont les chaises sont toutes occupées. Certains fidèles se tiennent donc debout dans le milieu de la route et sur les côtés. Comme l’autobus nous bloque le chemin on s’arrête en plein devant l’église et on se retrouve, à toutes fins utiles, dans l’église. Le prédicateur hurlant à notre gauche et les fidèles debouts à droite : sentiment de ne pas être au bon endroit au bon moment!
Quelques minutes plus tard lors d’un autre arrêt de l’autobus, le chauffeur nous fait signe de le dépasser. Bravement, on le double et on s’engouffre dans la nuit noire. On arrive bien vite à un Y et ne sachant trop de quel côté aller, on enfile vers la gauche. Rapidement, on se bute à une pente descendante en très mauvais état qui amène dans une rivière qui parait un peu vive et trop gonflée pour notre auto. En faisant demi-tour, on tombe nez à nez avec l’autobus. On décide donc d’aller demander au chauffeur si la prochaine ville qui paraît sur notre carte est dans cette direction. À l’évocation du nom dudit village, le chauffeur a l’air aussi perplexe que si on venait de lui expliquer la théorie de la relativité… On comprend alors que notre carte n’est peut-être pas notre meilleure amie. On parvient quand même à établir que la route pour Jutiapa était plutôt celle de l’autre embranchement.
Forts de cette précision, on rebrousse chemin jusqu’à la fourche et prenons à gauche. La route se dégrade alors rapidement et on passe une autre rivière qui est un peu limite pour le format de notre carrosse… L’eau frisait assez haut de chaque côté que nous aurions presque pu faire du wake-board… On accroche le fond de l’auto sur de nouvelles ornières en tentant de passer par-dessus de nouveaux trous et on aboutit devant une rivière dont les poteaux de sécurité indiquent un niveau de danger moyen! On s’arrête et Charles traverse la rivière à pied pour se rendre compte que l’eau lui arrive entre la mi-mollet et le genou! Les parents se font un petit conciliabule sous un joli ciel rempli d’étoiles et conviennent de mettre un terme à cette aventure. Ce serait assez irresponsable de tomber en panne dans la nuit noire, au milieu de nulle part (mais de VRAIMENT nulle part) sans aucune civilisation de près ou de loin.
Église de Trujillo |
Fascinant! On en a le souffle coupé! (Quel récit, quand même!!!)
RépondreSupprimerHeureusement qu'au moment où on lit vos extravagantes aventures, on vous suppose retournés à la quiétude (et la sérénitude) de votre confortable cabaña oú vous vous rappelez tout ça en sirotant l'apéro (ou le digestif -- au choix)!
On savoure avec vous et on déguste!
bises des Floridiennes1