Jour 12 (lundi 30 janvier)
Hier après-midi, en passant chez Dante’, on s’est entendu pour faire une virée de ravitaillement en ville ce matin. Comme il tient un restaurant et que ses affaires vont bien, le plein de denrées fraîches est devenu une de ses spécialités depuis quatre ans et nous espérons vivement bénéficier de ses bonnes adresses. Attablés avec les enfants à faire l’école peu après 9h, on voit Dante’ et son camion, aussi unique en leur genre l’un que l’autre, passer devant la maison. Un coup de fil nous confirme qu’il est l’heure de l’expédition. Le temps de ramasser nos sacs et nos bouteilles vides (eau et bières!) et Charles prend place dans le Toyota Land Cruiser des années 1980 de notre voisin pirate.
Il s’agit d’un vrai Land Cruiser, genre safari africain, avec, à l’arrière, des bancs qui se font face sur la longueur du véhicule. À l’avant, on se croirait dans un tank et notre Eurovan est d’une discrétion totale en comparaison du bruit que laisse échapper l’énorme moulin caché sous le capot. L’engin nécessite une clé pour démarrer, mais il faut l’éteindre, comme les anciens tracteurs, en tirant une manette dans le tableau de bord! Bref, l’aventure s’annonce authentique…
On commence par arrêter chez Biciclos, où on a acheté les vélos samedi, pour se procurer un petit adaptateur pour souffler les pneus. Ici, les valves de pneus ne sont pas toutes comme chez nous : certaines sont en fait des rajouts plus petits qui tiennent au moyen d’un anneau de serrage. Après moult débats et beaucoup d’insistance, LE commis allumé de la place nous fourgue une pièce à 10 lempiras (0.50$) au grand désarroi de sa prédécesseure qui, elle, était en train de nous vendre deux pompes, trois embouts, deux rallonges et pas la bonne pièce mais pour plus de 200 lempiras (10$)!
Arrêt au guichet HSBC pour soutenir financièrement la folie d’achats qui est sur le point de déferler sur nous puis on stationne le camion dans un stationnement gardé par un ami de Dante’. Coût de la garde : 1U$. On commence à déambuler dans les étals de fruits et légumes et en deux coins de rue, Dante’ est abordé par au moins six personnes. Il est remarqué de tous, salué et on vient le voir pour différentes choses; argent, conseil, rendez-vous, etc. Une certaine impression de marcher en compagnie de Don Corleone dans Little Italy commence à se faire sentir. Après quelques coins de rue, on entre dans la partie couverte du marché dans laquelle se trouvent toutes les boucheries. Dante’ sert du « hermano! », équivalent espagnol de « bro! », à tout le monde et commente tout ce qu’il voit. On finit par acheter des côtelettes de porc ahumada (requises par les enfants), et un énorme jambon frais coupé, sous nos yeux, à même la demi-carcasse.
Puis, on passe au département poisson. Cinq ou six kiosques sur un coin de rue avec des étals de poissons frais qui décongèlent. Comme il est tôt, l’odeur est plus supportable que dans les viandes… On arrête notre choix sur un « Robalo », snook en anglais ou brochet de mer en français et un « Pargo », snapper en anglais ou vivaneau en français qui semblent être de qualité. Deux kiosques plus loin, on trouve des conques fraîches dont deux livres devraient suffire à nourrir notre meute. En retournant à l’auto, on achète quelques légumes et quelques fruits, glanés en fonction de la qualité offerte, et on repart pour un genre de dépanneur de coin de rue qui vend des crevettes et des filets de poisson surgelés de grandes qualités selon notre guide. Il faut vraiment savoir que ce commerce offre ces produits pour s’y arrêter parce qu’il est situé loin de tout et rien n’annonce ce qu’on y achète sans crainte.
Nouveau tour de ville qui nous amène dans un dépôt de bière et dans les trois épiceries de gringos de la ville : Paiz, Mega (que nous connaissons déjà) et une troisième dans laquelle tout est organisé comme en Amérique du Nord mais où tout est au moins trois fois le prix! Paiz retient notre attention par le choix et la qualité de ses produits et on y fait le reste de nos emplettes. En ressortant, on fait un saut dans une pharmacie tenue par un docteur (vive la confusion des genres!) pour rencontrer, dixit Dante’, la référence médicale de la ville.
Vers 13h, on s’arrête dans LE restaurant de sushis de La Ceiba. On y retrouve Utila Phil et John, deux amis de vous devinez qui. John, ontarien, calme, aux manières discrètes est un instructeur de plongée installé sur Utila depuis 16 ans qui s’apprête à plier bagage pour aller travailler aux Bahamas. Tout en contraste, Utila Phil est un personnage plus grand que nature. Rastaquouère quinquagénaire et ventripotent, il est un vrai Yankee qui parle fort et fait tout pour épater la galerie. Il possède un bateau sur l’île d’Utila et est, semble t’il, associé dans une nouvelle business de traversier entre l’île et la terre ferme. Tout de cet individu fait bling bling! Sa bouche, ses gestes, ses bijoux. On va le reconduire au quai pour qu’il rentre sur Utila, et ça nous permet de voir le « port » de La Ceiba. Plutôt rudimentaire, mais on comprend qu’il s’y passe beaucoup d’action ET de transactions… En laissant notre passager, on retrouve le ronron du moteur qui est d’un calme apaisant en comparaison du flot incessant de paroles fades qui viennent de déferler sur nous.
On arrête acheter des pamplemousses ruby dans un stand le long de la route et on rentre tranquillement vers Sambo Creek. Le déchargement et le rangement de tout ce qu’on a acheté amènent des oh! et des ah! de découverte devant tant de nouvelles choses. On remercie chaudement Dante’ pour la virée et ses conseils et il nous promet de répéter l’expérience. Mais pourquoi louerait-on une voiture quand on peut abuser de la gentillesse des gringos locaux?
La sieste donne l’occasion de finir la clinique de réparation du vélo abîmé au grand bonheur des enfants qui ont maintenant une activité maison de plus dans leur éventail de jeux. Disons que Charles n’ouvrira pas un commerce de réparation de vélos, mais les ajustements faits semblent suffir à une utilisation sécuritaire des quatre nouvelles bicyclettes.
Pour le souper, on s’attaque au Pargo. Vu sa grosseur, on décide de le cuire au four en papillote. Assaisonné de ce qui traîne, sa longue cuisson cultive notre appétit et notre curiosité face au résultat. Ça en a valu le coût! On a tellement attendu ce premier poisson frais en plus de deux semaines, qu’on est tous satisfaits de la texture et du goût de la chair blanche de notre prise du marché. Enfin!
Tony passe nous saluer pendant le souper et on en profite pour lui faire goûter «la prise du jour». Il semble se dégêner envers nous et se permet même différents commentaires et explications savoureuses sur John et Utila Phil. Lentement, on peut commencer à penser qu’il pourrait presque devenir un ami… Ce sera long, mais on l’aura à l’usure et surtout par l’estomac…
Wow! Quelles bonnes bouffes vous vous faites! Dommage qu'on ne puisse pas goûter à toutes ces délicatesses locales!
RépondreSupprimerProfitez-en bien!
xoxo
P.S. Ici, en Floride, le vivaneau est beaucoup plus petit et dans le bayou qui borde notre camping, des voisins en ont pêché des gris la semaine dernière -- toute une brassée qui a été dépieautée par notre voisin Mac. Il les a mis à congeler et promis de faire un festin là-dessus bientôt. Jamais goûté le vivaneau gris, ce sera du nouveau, mais paraît qu'il est aussi bon que le rouge. Sûrement pas aussi bon que celui du Honduras, quand même!!!
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