lundi 9 avril 2012

Le début de la fin...


Jour indeterminé, trop tard au début d’avril

Déjà plus d’une semaine que nous sommes revenus de notre périple sur la merveilleuse île d’Utila et que nous nous murons dans un mutisme bloguien. Nous nous efforçons de savourer la dernière portion de notre voyage et de profiter des bontés toutes simples qui nous entourent. Nous avons fait, dimanche dernier, notre dernière expédition et sommes retournés à Tela et Triunfo de la Cruz que nous avions tant aimé. Nous espérons retourner au Canopy tour et aux bains thermaux en début de semaine. Les enfants, eux, s’activent à trouver des solutions pour rester ici et nous démontrent, par leur humeur, que la fin de ce voyage les attriste autant que nous.
La Semana Santa bat son plein ici et on ressent bien l’effervescence de tout ce monde débarqué de la Capitale et de partout pour fêter et profiter de quelques jours de congé. La plage est occupée, les routes bondées, les commerces fermés et partout on croise des familles en vacances. On a même été invité chez nos voisins pour une chasse aux œufs de Pâques. Dans ce tumulte, on se fait une petite vie bien simple dans notre chez-nous grandiose. On court les toucans et on admire la lune qui a atteint son apogée ce soir. On voudrait arrêter le temps; mettre en banque tous les moments de bonheur tranquille et de farniente en espérant qu’ils puissent fructifier. Malheureusement les taux d’intérêt sont ridiculement bas en ce moment… 

On a déjà commencé, à contrecœur, à trier nos choses et à organiser nos valises ainsi que les tracasseries du retour. On donne le plus de choses possible aux moins nantis qui nous entourent et on s’efforce de rationaliser tout ce que nous rapporterons.

Lundi, Romane a même donné sa Barbie adorée, achetée ici, à Naomie, la plus petite fille du restaurant des Daisy. Jules et Marine ont, quant à eux, laissé un jeu de société aux deux plus grandes filles. C’était touchant de voir les enfants jouer ensemble et de constater combien le geste de donner peut apporter de joie et de sourires. Si Noël pouvait ressembler, un peu, à ça, on deviendrait des fans du vieux barbu en costume rouge.

 Dimanche on a profité du cheval de Gabriel, notre voisin propriétaire du canopy tour. Son cheval est toujours attaché près des condos et il nous a offert de s’en servir. Trois tapis placés sur son dos ont fait office de selle et on est parti faire des tours de mango tree. On est arrêté chez les voisins catho pour faire bénéficier leurs cinq enfants du nouveau jouet commun. La picouille fut d’un calme absolu et on a gagné son cœur avec une carotte… Les enfants se sont pris pour John Wayne et on a profité de cette marche sous le soleil de fin d’après-midi pour se mettre en parfaites dispositions pour l’apéro.

La température a enfin atteint un niveau de délice jusqu’ici inégalé. Il fait très chaud le jour, mais absolument personne chez nous ne se plaint. La piscine parvient à nous rafraîchir, et les visites se font plus nombreuses et plus longues. Le lézardage au soleil est maintenant une activité d’emmagasinage pour ce qui nous attend : de toute façon, on a tous des bronzages idylliques (!)…
Alors voilà qui explique notre absence de publication dans les deniers jours autant que dans les prochains. Nous nous abandonnons totalement aux douceurs centraméricaines et profitons  de cette lenteur qui fera rapidement place aux aléas de la vie effrénée que nous menons à Montréal. Le retour sera douloureux. Nous tentons de nous convaincre et de faire comprendre aux enfants qu’il y a quand même des aspects positifs à ce retour. On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, selon le cas, mais nous on a décidé de faire cul sec!

vendredi 30 mars 2012

Utila - l'île magnétique !

Jour 65 à 69 (vendredi 23 à mardi 27 mars)

Levés de bon matin grâce à notre réveil familial (Colin!), on s’est retrouvés sur le bord de la grande route à 8h pour prendre l’autobus vers La Ceiba. Nous entreprenons notre grande aventure Utila en laissant derrière nous une piscine verte dont le moteur, brisé depuis deux jours, est en réparation. Notre trajet en autobus est assez drôle puisque l’autobus est bondé et que nous sommes chargés de nos sacs de voyage. On débarque au premier arrêt de La Ceiba et on s’engouffre dans un taxi pour aller au port. C’est à ce moment que nous avons compris les mises en garde alarmistes concernant le Honduras.

Pour la première fois de notre séjour, on expérimente la crainte de ne pas voir l’heure suivante… Le chauffeur de taxi roule avec le couteau entre les dents. Même Marie-Claude qui est réputée être une conductrice téméraire hésite entre s’agripper et frapper le chauffeur dément pour prendre sa place. Pourtant, on est en avance sur l’horaire, il est 8h15 et il faut être au port pour 8h30 soit une heure avant le départ du traversier, et la route n’est pas plus achalandée que d’habitude. Après des dépassements d’un ridicule consommé et plusieurs sueurs froides, on atterrit au port dans une cohue monumentale : un bateau vient d’arriver et un autre part dans une heure… Une mer de passagers, des valises, des bagages, du fret et des dizaines de taxis qui klaxonnnent et qui resquillent fermes.

On réussit à se frayer un chemin jusqu’au guichet du Utila Princess II pour y faire la file. Quand notre tour est arrivé, le guichetier nous a demandé nos passeports! Ben oui, les p-a-s-s-e-p-o-r-t-s. LE mot qui nous fait maintenant frémir. On avait pris les nôtres au cas ou, Prcequ’ils sont souvent nécessaires  quand on paie avec la carte de crédit, mais ceux des enfants étaient restés à la maison… Décidément, nous et les passeports des enfants! Après quelques échanges et plusieurs supplications, le gars finit par nous émettre nos billets et on peut enfin lever les yeux et commencer à penser au voyage… La demi-heure de jeu avant le départ du traversier nous a servi de tampon pour recouvrer un peu nos esprits.

 L’Utila Princess II est un catamaran ponté avec un toit rigide. Les coques reçoivent les bagages avant que les bancs de la cabine accueillent les voyageurs. On prend place, tous les six, sur un banc vide et bien placé malgré le fait que nous soyons les avant-derniers à embarquer. On a vite compris que les airs climatisés situés juste au-dessus de notre banc dégoutent! Environ 3 minutes après le départ, on quitte la baie du port et le bateau commence à taper fortement dans les vagues. 

On s’amuse un peu de la quantité de gens qui doivent se lever et aller prendre l’air à l’arrière du bateau et des vas et vient des membres d’équipage qui distribuent les sacs à vomis et des essuie-tout jusqu’au moment où on se rend compte qu’on est nous même susceptibles d’être malade. L’heure de la traversée a été plutôt longue et certains d’entre nous on dû se concentrer fort pour ne pas revoir leur déjeuner, mais, au final, seul notre colin-matin aura utilisé son sac avant de sombrer dans un tendre sommeil.

En débarquant du bateau on est assailli de vendeurs et de resquilleurs qui veulent nous offrir qui des randonnées, qui des fruits, qui un endroit où dormir. Comme nous sommes des gens préparés mais que nous aimons l’aventure, on a fait, hier, deux réservations provisoires dans des hôtels. L’île d’Utila quoiqu’assez vaste, n’est occupée que dans une très faible part.  En fait, tout se résume à une rue d’environ deux kilomètres, d’orientation est-ouest, dont le centre donne tout juste sur le quai municipal. Il s’agit là de la seule, ou à-peu-près, intersection de l’île. Face au quai commence donc une rue qui rentre dans l’île et c’est par là que nous marchons pour découvrir le premier hôtel, le réputé Mango Inn. Sur place, on constate qu’ils nous ont réservé, vu notre grande famille, une maisonnette à 210 U$ la nuit. On décide donc de tenter notre chance vers notre second objectif, le Marguarita, situé du côté ouest de l’île. En s’y rendant, on trouve peu de vie et un manque d’ambiance qui est presque inquiétant.

 
LA rue d’Utila longe la mer et le Marguarita est situé du « mauvais » côté de la rue… On a donc  pas versé de larmes quand ils nous ont dit ne pas avoir reçu nos courriels. Un peu débinés, on a repris la rue vers le centre-ville et nous avons décidé de nous arrêter manger parce que la marche sous le soleil de midi et l’incertitude commence à nous miner un peu. En se faisant un festin de baleadas, de pasteles et d’Imperial, on téléphone à un hôtel dont Marie-Claude avait pris un feuillet en débarquant du bateau. Une fois restaurés et rafraîchis, on traverse l’île et, en arrivant au seul coin de rue, on découvre l’autre côté de l’île. Commerces, restaurants, dive shops, épiceries, vie et ambiance nous accueillent dans une étreinte tant attendue. 

L’hôtel Trudy’s, situé presqu’à l’extrémité est de l’île, est lui, du « bon » côté de la rue et est constitué de deux grands bâtiments qui encadrent un grand espace de sable qui donne sur la mer. Terrain de volleyball, hamacs, bar, table de pool, ,espaces au soleil et places à l’ombre sont bordés par des grandes galeries de bois qui abritent les chambres. Un quai avec des balançoires complète le tout. En entrant là, on savait que c’était l’endroit idéal pour nous. On a déposé nos sacs et on est repartis tout de suite, contents de s’être trouvé un nouveau chez nous et en essuyant les plaintes des enfants qui voulaient juste profiter de tout ce qu’ils venaient de voir.

Notre première activité insulaire a été une visite dans une ferme de protection d’une espèce d’iguanes endémique à l’île d’Utila. Une longue marche à l’intérieur des terres nous a conduits dans cet endroit charmant tenu par des gens forts sympathiques. On a eu droit à une guide française venue faire du bénévolat pour sauver des bestioles en voie de disparition dans une île paradisiaque. Darwin avait un peu raison en disant que l’évolution forme des jeunes gens mieux équipés… et plus imaginatifs! 

Outre les iguanes, bien sympathiques, mais un peu communs, on a vu un Boa constrictor géant. Géant comme dans le corps de la taille d’un mollet d’adulte! Il avait été apporté là par un fermier tanné de se faire manger ses… poulets! Oui, oui, un poulet entier; pas un quart de poitrine avec salade de choux à côté! Un poulet avec les plumes, les pattes et tout. Énorme! On est reparti vers notre hôtel en regardant par terre devant nous et même en se retournant de temps à autre…


Pour digérer tout ça, on est allé à la plage à l’extrémité est de l’île, jouer dans la mer (sans serpents) et profiter du coucher de soleil. Comme on a manqué de bière en même temps que la noirceur arrivait, on a été forcés de rentrer se laver avant d’aller souper. On a arrêté notre choix sur une institution locale : le Babalu. « Dock bar », bar construit sur un quai, fait de planches de bois ajourées, l’endroit est d’un relax total et absolu. Toutes les tables sont peintes d’un échiquier sur lequel des bouchons de différentes couleurs constituent les pions d’autant de jeux de dames. 
Dans des airs de blues feutré, on retrouve, au centre de l’endroit, un grand trou éclairé d’environ 10 pieds par 10 pieds, sans garde-corps (on n’est pas au Québec!), qui est aménagé de coraux au travers desquels se promènent une myriade de poissons : un aquarium en forme de hublot sur la mer, ça n’a pas de prix! Rien à voir avec l’aquarium en plastique de chez Maylan!
On a mangé des produits locaux tous issus de la mer et on est retourné vers nos quartiers en appréciant l’ambiance festive de cette chaude nuit. La rue est étroite et il n’y a que très peu de voitures sur l’île (moins de 20). Les gens circulent donc majoritairement à pied ou en vélo, mais il y a tout de même une quantité effarante de scooters, motos, quatre roues et carts de golf qui n’ont pas tous le même sens du civisme et du respect de l’environnement sonore!  Nous nous sommes vautrés dans nos lits pour assimiler, un peu, une journée si riche en découvertes et textures. Colin nous a dit que quand il serait un adulte, il reviendrait ici!
Après un gros déjeuner aux pancakes bien américaines on s’est dégoté un tour de bateau pour se rendre sur une île vraiment déserte à l’extrémité sud-ouest d’Utila. Water Cay est donc un îlot parmi une petite série qui forment des keys. Capitaine Hal nous a déposés vers 11h30 en nous promettant de revenir nous chercher à 15h. Une fois que le bruit de son bateau se fut estompé dans le lointain, nous étions seuls sur l’île avec Vendredi, le racleur de feuilles mortes et collecteur de droit d’accès, 50 lempiras (2,50$) par personne. On s’est installé sur un bras de sable blanc qui plonge dans la mer turquoise et on a pris du soleil et fait de la plongée en apnée dans les coraux avoisinants.
Les poissons aux couleurs exotiques valsant dans le corail mauve étaient tout simplement sublimes. Jules et Marine étaient vraiment émerveillés et en guise de remerciement ils nous on même permis d’aller plonger en amoureux. Ben oui, on a laissé nos 4 enfants tout seuls sur une île déserte pendant 20 minutes! Ils seraient d’excellents candidats pour le prochain tournage de LOST. Même sans dîner digne de ce nom, un simple paquet de biscuits acheté à la sauvette avant de quitter, les enfants ont adoré et sont restés surpris de voir le bateau revenir nous chercher si tôt. 
On a terminé la journée sur le quai de l’hôtel en sirotant un rafraîchissement devant le coucher de soleil et en regardant les enfants se baigner dans la mer et se balancer comme s’ils n’avaient jamais vu de balançoires avant. Nous avons eu un autre excellent souper sur une terrasse parmi l’effervescence du samedi soir. Tout le monde avait sorti son grill dans la rue et l’ambiance était joyeuse et agréable.
Utila ne comporte qu’une seule petite colline, Pumpkin hill, du haut de laquelle le point de vue est, semble-t-il, magnifique. Pour notre deuxième matin, nous sommes allés déjeuner au Mango Inn, ceux qui nous avaient gardé une maisonnette à 210 $ la nuit. Marie-Claude a alors réalisé que c’est là qu’elle avait séjourné quinze ans plus tôt; c’était alors une auberge de jeunesse à 5$ la nuit… L’inflation ne frappe pas partout également!!!

Nous sommes ensuite partis user nos gougounes et digérer notre pain doré en marchant vers Pumpkin hill et les Water Caves dans lesquelles on peut, semble-t-il, se baigner. Ne trouvant aucune indication pour nous guider, on a marché droit devant nous pendant plus d’une heure pour aboutir sur la plage du côté nord de l’île. Vision désolante : en raison de l’orientation de l’île, la plage est couverte de déchets de plastique. Nous avons emprunté un sentier longeant la mer et taillé à même les déchets et les coraux. 


Cette longue et hasardeuse balade dans un terrain accidenté et inhospitalier nous a menés, bien plus loin, à une toute petite plage près de laquelle étaient installées deux familles; on y a fait une pause bien méritée après tant de marche sous un soleil accablant. Nous avions mal calculé la quantité d’eau pour subvenir aux besoins de tout ce beau monde, mais en revanche on s’est cueilli une pipa en chemin pour compenser étancher nos soifs. En repartant, forts des informations recueillies auprès des gens présents nous avons trouvé un sentier puis une route qui ont fait en sorte que l’heure et demie de marche du retour était plus rassurante que l’heure et demie à l’aller. 

Nous avons regagné la route principale (celle de l’aéroport) tout juste à la hauteur d’une écurie qui offre des randonnées. Bredouilles de n’avoir trouvé ni Pumpkin hill, ni les cavernes souterraines, et n’ayant pas le courage de revenir à pied le lendemain, on est donc arrêté et on a pris rendez-vous question de visiter ces deux sites d’intérêts à cheval. Tristes de ne pas avoir trouvé, par nous-mêmes, le sentier qui nous aurait permis de voir Utila de haut, on est allés noyer notre peine au El Picante, un restaurant mexicain avec une grande terrasse à l’étage donnant sur la mer. On y a vu un poisson énorme (un Torpon), près de quatre pieds de long, qui se baladait doucement autour des quais mais on a surtout pris l’apéro des randonneurs : margarita et Pina colada!
À dix heures le lendemain, Sterling et Oscar, du ranch, sont venus nous chercher à l’hôtel avec un quatre roues à deux banquettes doubles et une boîte derrière. Les enfants ont été ravis d’enfin pouvoir se balader comme les locaux, dans une grosse machine qui fait du bruit. Une fois au ranch on a rencontré Thunder, Spirit et Kit nos montures pour l’occasion. Jules et Marine ont pris place sur Kit, attaché par une corde, qui suivait Oscar, notre guide. Marie-Claude et Romane ont enfourché Spirit alors que les deux CO ont rebaptisé Thunder en Tonerre pour la journée. 

La randonnée fut fantastique et les enfants sont un peu tombés en amour avec l’équitation. Oscar nous a montré les différentes essences d’arbres qui bordaient le sentier et on a même eu droit, malgré le mot d’ordre du propriétaire du ranch, à la montée de Pumpkin hill à cheval : toute une première pour les quatre têtes blondes. C’était franchement escarpé ! 

La vue du sommet était effectivement spectaculaire, et le sentiment de dominer l’île, bombardée par les rayons du soleil de midi, fut délectable. Un paysage à 3600 qui n’a de fin que dans l’horizon de la mer : époustouflant! La descente ne nous laissa pas en reste d’émotions fortes et on a tout juste eu le temps de reprendre notre souffle avant d’arriver à l’entrée d’une grotte.

Oscar est entré le premier et a disposé une douzaine de chandelles dans ce labyrinthe de stalactites souterraines. On s’est tous baignés dans un bassin d’eau sulfureuse dont la fraîcheur nous a agréablement refroidis. On a partagé ce moment magique tous ensemble en prenant bien conscience des extrémités que nous découvrions consécutivement : du sommet de la colline jusqu’au sous-sol de l’île; incroyable quand même! On a terminé notre randonnée ravis de tant d’émotions et de découvertes et Sterling est venu nous reconduire à notre hôtel juste à temps pour attraper le bateau de l’école de plongée qui quittait; décidément, une activité n’attend pas l’autre.

Installés à l’avant du bateau, on a regardé la douzaine de plongeurs se préparer pour leurs plongées respectives pendant les quelques minutes que le trajet a pris. Une fois sur place, on les a laissés quitter le navire et on est nous-mêmes sautés dans l’eau pour faire de l’apnée. Marie-Claude et Jules ont ouvert le bal, suivis de Charle et Marine, qu’on a du forcer à aller voir autant de beautés sous-marines, et même Colin et Romane se sont payé une visite des coraux. 

Romane était presque en transe devant tant de poissons mauves! Le site était ravissant, l’eau d’une clarté exceptionnelle et les coraux et les poissons nous ont offert un spectacle presque irréel. Une tortue faisait dodo dans l’eau non loin d’un barracuda énorme, les plongeurs valsaient autour de nous et sur la paroi d’une falaise de corail, l’enchantement même! 

On est tous rentrés au quai, songeurs devant tant de splendeurs et les parents ont même du devancer l’heure de l’apéro pour se permettre de retrouver leurs esprits pendant que les enfants se balançaient tout en sautant dans la mer dans une ronde interminable. Une fois que le soleil eu embrassé la mer, nous sommes sortis manger dans une autre nuit chaude et pleine d’ambiance d’Utila. Comme chaque soir, les parents se sont laissé bercer par la brise chaude et le cliquetis des vagues qui frappent doucement le quai pour admirer les étoiles qui scintillaient dans la mer. Un moment tout aussi inspirant que les magnifiques couchers de soleil.

Pour notre dernier matin, on a bien pris le temps d’apprécier les joies du quai qui nous a si bien accueillis depuis les derniers jours avant d’aller prendre un autre grand déjeuner au resto. Puis, dans une ambiance empreinte d’une palpable mélancolie, on est allé s’échouer sur la plage à l’extrémité ouest de l’île. Avant de se rendre au traversier, on s’est fait un petit pique-nique improvisé avec des baleadas et des pasteles et on a du se rendre à l’évidence, 14h sonnait pour nous la fin de notre aventure Utila…

Tout le monde vous le dira sur l’île, le plus grand mensonge qui y circule se traduit librement par « oui, oui, on repart demain! ». Nous étions venus pour une ou deux nuits, on sera resté quatre nuits et cinq jours. Il y a un magnétisme certain dans cet endroit. Très peu de choses ressemblent à ce qu’on retrouve sur le continent. On se sent ici chez soi très rapidement, et l’envie de rester coller dans cette ambiance douce, calme et festive est très difficile à combattre. Qui plus est, nous avons découvert que nos enfants avaient, autant que nous, l’appétit de la découverte et de l’inconnu; c’est probablement ce qui restera de plus marquant de cette expédition. L’équitation et la plongée en apnée les ont beaucoup marqués; Jules nous a suppliés tout l’avant-midi de rester plus longtemps. Il reviendra peut-être y faire ses cours de plongée sous-marine quand il sera grand puisque son intérêt pour cette activité semble indéniable. Il pose mille questions et a vraiment été conquis par le centre de plongée intégré à notre hôtel. Il a tout enquêté; du remplissage des bonbonnes aux exercices des plongeurs en bordure du quai. 

Le retour à notre routine caribéenne, en elle-même exceptionnelle, signifie quand même moins d’émotions nouvelles et d’aventures inoubliables. Ce voyage dans notre grand voyage restera comme une étape autant imprévue que riche. C’est avec regrets et, peut-être, quelques larmes que nous avons repris le traversier. Les plus tristes ont fait la sieste pour oublier un peu la réalité du départ et pour mieux ancrer tant de merveilleux souvenirs insulaires dans leurs mémoires de jeunes voyageurs.

vendredi 23 mars 2012

Jour 60 (dimanche 18 mars)

Cette journée post-expédition a débuté par le retour de la voiture de location qui, heureusement, se passe toujours mieux que la prise de possession… On s’est ensuite baladé dans la ville et dans le marché pour faire différentes emplettes et profiter du soleil de plomb qui baignait Ceiba la poussiéreuse. On a découvert un nouveau magasin général rempli de trouvailles à bon prix et on a eu la chance de rencontrer LE vendeur de conques fraîches.
Un peu déconfits de la fermeture dominicale du restaurant des Daisy, on a erré dans la ville avec l’estomac dans les talons. Quelques mangues fraiches nous on permis de patienter et on a fini par se laisser tenter devant une vitrine remplie de poulets entiers cuits au charbon de bois. Une fois attablé à l’intérieur, on s’est aperçu qu’on était le centre d’attraction. L’endroit était plutôt un bar avec trois habitués accoudés au comptoir qui enterraient leurs bières sous de la tonitruante musique country que crachait un immense juke-box. Évidemment que les singeries de nos enfants les ont plus divertis que la vision habituelle de leurs saouls comparses, mais on a vraiment craint pour nos tympans tellement la musique était assourdissante.
Les deux vendeurs de poulet étaient toutefois authentiquement heureux de nous servir et leur attention envers nous était aussi gentille qu’appréciée. On s’est claqué un petit poulet entier avec des salades de chou, traditionnelle Honduras (épicée) et crémeuse, des tajadas de plantain et un beau gros litre de Fanta bien sucré. Les gars du resto on même refusé le pourboire (pipina) que nous leur tendions en nous exhortant plutôt à revenir. Merci les boys, on consulte notre otorhinolaryngologiste familial et on vous donne des nouvelles…
On a conclu notre visite en ville à l’épicerie histoire de se refaire un frigo après la semaine de relâche à 11 bouches. On a quitté l’endroit au plus fort de la crise du sucre du fanta et on est rentré chez nous en taxi. Notre piscine nous a offert un délicieux havre de paix et de jeux familiaux dans lequel nous avons terminé notre journée dans la joie et la chaleur du soleil!

jeudi 22 mars 2012

Tela et Triunfo de la Cruz

Jour 59 (Samedi 17 mars) 

Bien remis par notre journée de repos, on retrouve nos habitudes familiales de découverte. On prend d’abord l’autobus pour se rendre à La Ceiba pour louer une voiture que nous avions pris soin de réserver la veille. En arrivant, on trouve tous les employés d’Econo avachis dans les fauteuils de la salle d’attente. On arrête notre choix sur une Toyota Yaris et on prend bien soin d’expliquer qu’on ne veut pas qu’ils lavent la voiture pour pouvoir partir plus rapidement. Nous avons découvert, au fil de nos locations, que la tendance « frotteux de char », « muy soucio de la limpia » selon eux, est assez forte ici. Malheureusement pour eux, nous n’adhérons pas à cette facette de l’hygiène de vie de plusieurs de nos contemporains. Qui plus est, quand nous louons une voiture, c’est la plupart du temps pour explorer un coin reculé accessible par une route de poussière…
Le vaillant Hercules, pas l’outil le plus affuté sur l’établi!, a consenti à réfréner ses élans de polisseur de tôle mais a mis une bonne demie heure à compléter l’inspection de la voiture avant de nous remettre les clés. Chaque écorchure, manque de poli et craquelette a été dûment recensé, même celles de la taille d’une tête d’épingle!!! Marie-Claude a failli en venir aux coups avec le petit inspecteur qui a fini par abdiquer et nous laisser partir. BASTANTE! VAMONOS! La madame était bleue rayée mauve!

Un peu plus d’une heure de belle route sans chaos sous un soleil ravissant nous a permis de retrouver nos sourires et nous a amené à Triunfo de la Cruz, petit village garifuna situé quelques kilomètres avant la grande ville de Tela. On s’est arrêté sur le bord de la plage, tout à côté d’un petit restaurant avec plusieurs champas sur le bord de la mer. À la vue de la couleur de l’eau, un turquoise inspirant, on a décidé d’y passer la fin de l’avant-midi en sirotant une petite bière d’usage et de profiter des éléments : vent, mer, soleil, sable et champa.
 
En attendant notre repas, on a eu droit à un authentique spectacle garifuna. Tam tam, danse, costumes et même un joueur de conque… Un petit peu plus et le gars de blue lagoon se pointait pour se mêler à la fête. Quand notre repas est arrivé, on a constaté qu’on avait perdu deux mois de notre séjour à se refuser de manger les soupes qui sont annoncées sur tous les menus. C’est un hasard lors de notre deuxième visite à Cayos Cochinos qui nous a fait prendre conscience que les locaux cuisinent des soupes « muy rico » à base de lait de coco dans lesquelles on retrouve poisson, crevettes, yucca, banane verte et autres produits typiques. Fort de notre découverte à Cayos, on a commandé une telle soupe et elle a galvanisé notre sentiment face à cette découverte : WOW!

Une fois repus de cet apport de nourriture sublime, nous sommes remontés à bord de notre vrombissante Yaris et avons gagné le « jardin botanico y centro de investigation Lancetilla » de l’autre côté de la ville de Tela. Il s’agit du deuxième plus grand Jardin botanique du monde qui fut mis sur pied vers 1920 par la Standard Fruits cie (Dole) pour faire des recherches sur les types d’arbres et de fruits qu’ils pouvaient cultiver en Amérique Centrale. Une fois qu’ils ont su ce qu’ils voulaient savoir, ils ont cédé la place au gouvernement du Honduras en 1974. L’endroit est un très vaste parc aménagé de sentiers de pierres qui traversent des îlots d’arbres géants, fruitiers et centenaires. Le plus impressionnant de la visite demeure un immense tunnel de Bambu qui finissent par ployer et se rejoindre au-dessus de la route. On a fait une belle marche et profité de l’endroit pour apprécier toutes ces espèces d’arbres.
 Puis, on s’est attaqué à la réelle destination de notre escapade, la ville de Tela. Un peu plus petite que La Ceiba que nous connaissons bien, le centre ville est très proche de la plage. Après avoir arpenté quelques rues, boutiques et étals, on est arrivé sur la promenade qui longe la mer en même temps que le soleil couchant. On en a profité pour prendre l’apéro en regardant les jeux et les baigneurs puis on s’est attablé sur la promenade pour remanger poisson et fruits de mer. On a été diverti par des mariachis vêtus du bleu national et par un autre spectacle garifuna aussi authentique que celui du midi. On a rencontré une grand-maman putative canadienne avec des enfants dont elle s’occupe via la fondation qu’elle gère à leur profit et ça a permis aux enfants de se faire des amis et de brûler de l’énergie avant de s’empiler dans l’auto pour rentrer à la maison. Ce fut une belle journée ponctuée de trois arrêts différents mais tous réussis. La mer turquoise alimentera nos chauds souvenirs et ne nous aidera pas à apprécier notre plage brune de Sambo Creek…

mercredi 21 mars 2012

Semaine de relâche caribéenne !

Jours 50 à 57 (du 8 au 15 mars)

Même si on a quelques jours de retard sur la réalité montréalaise, cette semaine sera notre semaine de relâche : pas d’école, pas de blogue et de la grande visite. Marie Galibois, amie de Marie-Claude depuis toujours, et ses quatre enfants, Charlotte 12 ans, Florence 10 ans, Alfred 7 ans et Arthur 4 ans, sont ici pour la semaine. Ils ont loué un condo disponible dans Mango Tree et qui, quel hasard(!), est voisin de notre maison. Jeudi Marie-Caude est donc allé cueillir tout ce beau monde à l’aéroport de La Ceiba un peu avant midi. On a ouvert les vacances en descendant à la mer et en allant dîner chez Helen’s. On a bien mangé et bien bu mais les enfants ont surtout profité de la mer tant promise et de la plage tant attendue. En rentrant chez nous, la piscine s’est rendue utile et nous n’avons aucune crainte à avoir; elle sera bien brassée cette semaine.

Vendredi matin on est allé au parc d’amusement aquatique du Palma Real à quelques kilomètres de chez-nous. On a même pas eu à attendre l’autobus scolaire parce que l’autobus nolisé qui allait au Palma chercher les clients qui terminaient leur séjour a eu pitié des 11 gringos que nous sommes et qui ornaient le bord de la route. Le chauffeur s’est arrêté en nous voyant et il nous a déposés à la porte des glissades d’eau; des fois on est chanceux dans la vie. On a fermé la place, mais la journée est quand même passée trop vite au goût des baigneurs.

Samedi matin, Marie-Claude, Marie, Charlotte, Florence, Jules et Alfred sont allés au Canopy tour pour se balader aux fils de fer à la cime des arbres qui traversent la foret tropicale de l’autre côté de la route. Charles et les petits sont restés à la maison et sont allés rejoindre les autres un peu plus tard. Tous ensemble on est allés se baigner dans les eaux thermales et s’enduire de boue volcanique. En quittant, les guides du Canopy nous apprennent qu’ils quittent pour La Ceiba pour aller chercher des clients. Sevala, le robuste boss de la place, accepte donc de nous amener en ville; un autre lift gratuit, dans le camion zébré en plus! 
 Les Galibois découvrent alors, avec grand plaisir, une des joies du Honduras : les voyages dans la boîte de pick-up… Ça décoiffe, mais qu’est-ce qu’on rigole! En ville, on se pointe au restaurant des Daisy, passé 14h. En arrivant, on est reçu avec des sourires et des becs, mais aussi avec un étonnement difficile à cacher; maman Daisy est même obligée de renvoyer un client pour nous faire de la place pendant que Grand-Maman va au restaurant d’à côté chercher des chaises pour asseoir toute notre meute… On a commandé 25 plats : 6 baleadas, 11 pasteles et 8 tajadas con corne molido. Ça nous a coûté 280 lempiras (14 dollars) pour nourrir 11 personnes! Ensuite, on est allé digérer dans le marché en mangeant des mangues fraîches et en buvant du jus d’orange. Les gens étaient médusés devant la constitution de notre groupe : 1 homme, 2 femmes et 8 enfants (dont 4 blonds et 4 bruns)…

Dimanche midi, on est retourné à la Villa Becerra, mais la rivière n’a pas été aussi porteuse de plaisir qu’elle ne l’avait été 7 jours plus tôt. On a quand même fait découvrir, elotes, pain de coco, pipa et beignes à nos amis avant de rentrer chez nous par la plage. Une belle heure et demie de randonnée sur fond de soleil qui descend a culminé dans la fête du dimanche de Sambo Creek pour nous permettre de prendre l’apéro sur la plage et de regarder le soleil se mouiller au large, le tout au rythme des tam-tam garifunas.

Lundi matin, 7h, on est tous descendu à la plage pour prendre le bateau et filer vers deux trop courtes journées de parfait bonheur à Cayos Cochinos. Plongée en apnée sur une île inconnue et inhabitée, baignade, sieste, repas si bons et typiques préparés par Alejandra, yoga sur le quai dans le soleil couchant… La vraie grosse vie sale! Sauf pour le petit couple qui nous accompagnait et qui croyait pouvoir se payer une lune de miel… Lui est du Maryland, elle de Toronto et il se voit seulement 2 fois par année… Je ne crois pas que leur conception d’île déserte comprenait huit enfants! En revenant, mardi après-midi, les filles se sont payé une virée de magasinage en ville histoire d’acheter des souvenirs pour le retour de nos amis pendant que les gars ont profité de la maison et de la magnifique piscine qui est redevenue claire et limpide à force d’être brassée par tant d’action.

Train du parc Dole La Ceiba... mieux que celui de la réserve!
Mercredi matin on a tous pris l’autobus pour aller louer un pick-up, puisque c’est tellement plus facile de transporter onze personnes dans une boite! On est ensuite alles visiter la réserve sylvestre de Cuero y Salado. Dans le train qui nous amenait à la réserve, on a vu la récolte d’un champ de Yucca et le chauffeur du train nous en a pris une botte en nous proposant de la manger au restaurant de la réserve. Notre tour de bateau nous a fait voir une quantité innombrable de Morpho, plusieurs crocodiles et différentes espèces d’oiseaux. En descendant du bateau, on a mangé notre yucca avec des œufs et du poulet et les enfants se sont fait amis avec tous les chiens de la communauté… NON, ils ne sont pas mal nourris! On a fini la journée à la plage de Peru, tout près de chez-nous et les parents se sont déchargés de leur promesse en achetant neuf pipas; fallait voir la tête de la dame qui les préparait! On a pas fait sa journée, on a fait son mois !


Puis, jeudi matin, l’inéluctable a frappé et nous nous sommes séparés. Ce fut plus difficile pour certains de se départir de camarades de jeux de tout les instants. Cette semaine de grande promiscuité fut fertile en anecdotes, en bobos, en mots d’enfants et en réactions face à la découverte. Les joies ont surpassé les peines et les pleurs, même exacerbés par la fatigue de journées bien remplies. Il était toujours divertissant de voir la tête des gens que nous rencontrions et qui cherchaient à comprendre les liens qui nous unissaient. Disons qu’on a du passé pour une grande famille polygame plus d’une fois!