mardi 31 janvier 2012



Jour 6 (mardi 24 janvier)

Réveil typiquement centraméricain, bright and early! Le lever et le coucher du soleil sont deux choses qui ne changent pas ici. À cause de notre position géographique si près de l’équateur, le soleil se lève toujours vers 6 h et se couche toujours vers 18 h. Ce qui fait qu’à 7 h tous les matins, il fait aussi clair qu’à midi chez-nous. C’est un vif encouragement à sortir du lit tôt et à commencer la journée du bon pied. Ce matin n’y échappe pas et c’est avec plaisir qu’on se lève en ce joli 24 janvier! C’est notre deuxième petit matin d’école et les choses se placent doucement en prenant tranquillement nos habitudes. Les enfants collaborent à plein et prennent conscience qu’ils ont, à peu de chose près, un tuteur chacun.

Comme on a commencé tôt, on finit tôt! Après une légère saucette dans la piscine, on quitte vers 11 h pour aller dîner chez Dante’ parce que Jules a demandé une pizza pour sa fête. Comme c’est la première fois qu’on descend à pied à la plage, on est curieux de savoir combien de temps ça nous prendra et quel genre de rencontre on y fera. Après un petit cinq minutes de marche, on croise Dante, en auto, qui arrête et nous salue chaleureusement. On commence à jaser, penchés dans son auto et Romane décide que, comme elle est fatiguée, elle mérite de s’asseoir pendant que se parents, trop sociaux, parlent… Ce qui était une bonne idée au départ se transforme rapidement en cauchemar quand elle réalise qu’elle vient de s’asseoir sur un nid de fourmis. Ses cris, et ceux de Colin qui, en essayant de porter secours à sa petite sœur, se fait lui aussi assaillir, nous tirent de la conversation et nous ramène vivement à la réalité. Le temps de déshabiller notre Biloutte qui se retrouve les fesses à l’air (!!!), on réalise qu’elle a des centaines de fourmis partout sur les pieds, les jambes, les fesses, dans le dos et presque autant de piqûres. On prend vite le chandail de Colin qui se transforme en un chasse fourmis fort efficace. En une minute, les envahies en mode défense comprennent que leur attaque tire à sa fin puisque leurs blondes victimes sont vites devenues des agresseurs acharnés. Romane cesse rapidement de pleurer et l’aventure se termine par un bon fou rire, mais il faudra tout de même se méfier des toutes petites fourmis noires qui piquent !
Moins de cinq minutes plus tard, on est assis tranquille sur la plage quand un couple de Brossard nous accoste. On fait connaissance et on découvre, par eux, le Palma Real. Il s’agit d’un gros hôtel tout inclus situé à 20-30minutes de marche de chez Dante’ dont les forfaits sont disponibles au Québec via Sunwing qui offre des vols directs de Montréal à La Ceiba. Disons que c’est toujours agréable de rencontrer des gens de chez nous, mais dans ce cas-ci, on ne pourrait pas dire qu’on était à la recherche des mêmes choses…

Après avoir laissé nos nouvelles connaissances regagner leur buffet du midi, on se pointe dans la hutte du Paradise Found pour y rencontrer… Roger et Fiona, d’Ottawa, aussi au Palma Real… Décidément, c’est notre journée! On commande les pizzas de fête de Jules et on fait connaissance.  Le temps passé sous la hutte de nos hôtes est, comme toujours, doux et agréable et c’est d’un sain appétit qu’on s’attable pour se lancer à corps perdu dans ce que nous a préparé le pirate en chef.

Dante’ et Kristin sont touchés que nous ayons retenu leur établissement pour la fête de Jules et se sentent un peu mal de ne rien avoir pour l’occasion. Mais, après le repas, Dante’ sort un bandeau de pirate et un vrai sabre bien affûté et transforme notre jubilaire en pirate apprenti. Notre Jules est ravi et se prête avec beaucoup de sérieux au jeu. Serait-ce lui le vrai Pirate des Caraïbes ?En repartant, il est très reconnaissant de l’extra et remercie chaudement nos hôtes.

Puis, on prend le chemin du retour et on en profite pour faire un détour pour ramasser des caramboles et des limes qui poussent sur des terrains vacants de Mango Tree. En arrivant à la maison, nos marlots sont tous envahis de fatigue et se retrouvent tous les quatre dans la douceur de la sieste. Ça permet au parent de déguster un pré-appéro sur le balcon de l’étage et de profiter du soleil de fin d’après-midi, si délicieux.
Au réveil, on s’affaire au souper de fête requis par notre grand de neuf ans : spaghetti sauce à la viande avec saucisses! Après ce régal adapté à la disponibilité des aliments locaux, Jules a droit à un gâteau de fête tropical décoré, puisqu’il le faut bien, de caramboles fraîches… Ses frères et sœur l’inondent de cartes et de dessins pour l’occasion et il reçoit un cadeau du Québec : une boîte à expérience…

On se couche dans la bonne humeur avec, une fois de plus de bonnes raisons de trouver le sommeil rapidement. Dire qu’il ya neuf ans nous habitions au 4076 Dorion et que nous avions toute la misère du monde à chauffer l’appartement à 19 degrés…

dimanche 29 janvier 2012

Jour 5 (lundi 23 janvier)

 Après un petit déjeuner rapide, nos enfants avaient hâte de vivre l’expérience de l’école. On s’est donc tous assis autour de la grande table de la salle à manger avec tous les livres et manuels scolaires qui alourdissaient nos valises. Sur les cinq valises qui ont fait le voyage avec nous, une était consacrée aux chaussures et aux jouets de plage, deux à nos vêtements et deux aux livres! Une égalité d’espace, mais en termes de poids, les livres constituaient clairement le gros de notre bagage.


Côté école, on a retrouvé nos enfants dans les dispositions que nous leur connaissions déjà. Tantôt appliqués, tantôt dissipés mais toujours curieux et ouverts. C’est avec beaucoup de soins et un lourd sentiment de responsabilité que nous approchons cette activité désormais quotidienne.

 Notre plus grand défi sera sans doute de surmonter nos indispositions respectives pour tenter de créer un climat propice aux apprentissages. Outre les deux heures que nous passons officiellement à arpenter les manuels scolaires, notre mission éducative est aussi de tous les instants et c’est bien là une des raisons qui sous-tendent notre voyage. Langues, coutumes, habitudes, géographie, histoire et tant d’autres sont des matières abordées à tout moment au cours de nos journées. Ce qui est fascinant, c’est le niveau de réceptivité et d’assimilation des enfants face à ces blocs d’informations ponctuels. Bref, on devrait ressortir d’ici avec des enfants pas trop niais et un peu plus bronzés!

Lors de notre visite chez Dante’, on s’était entendu avec lui et Tony pour aller faire une virée à La Ceiba aujourd’hui. Pendant la période école, Tony est venu nous dire que Dante’ s’était désisté de l’expédition mais qu’il avait besoin, lui, d’aller en ville et qu’il serait enclin à nous y amener. On prend donc rendez-vous pour le début de l’après-midi. On en profite pour compléter la liste des choses à ramener et Charles est désigné comme commissionnaire de service.
On quitte la maison vers deux heures et commence alors une grande découverte de la caribéenne Ceiba. Atmosphère détendue, conduite chaotique, enchevêtrement de rues désordonnées, enfilades de commerces datant de différentes périodes, un joli salmigondis de culture et de style qui émoustille tout les sens.

 On fait quelques arrêts pour Tony puis on dévalise une grosse épicerie et on s’enfile le centre d’achat de type promenades Saint-Bruno… climatisé s’il vous plaît! Là, on se tape la bureaucratie de Claro, une des deux grandes compagnies de téléphone et d’Internet. Une petite heure à butiner de comptoirs en caisses en comptoirs pour se farcir des jeunes filles empreintes d’une solennelle inefficacité qui ne parle qu’espagnol (c’est bien normal) et qui ne sont pas du tout pressées de faire en sorte que nous puissions avoir une connexion internet. La patience légendaire de Charles fut mise à l’épreuve et quand il est ressorti du magasin, tous étaient toujours vivants… ce qui reste, encore aujourd’hui, un peu surprenant. En sortant du centre d’achat, la nuit était tombée et la chaleur et l’humidité pesante étaient douces dans les lumières blafardes et éparpillées de la ville. Tony s’est lancé dans une grande quête de bière à bon prix, nous menant d’endroits louches en endroits peu recommandables pour finalement en acquérir deux caisses à prix fortement négocié par notre chauffeur et bientôt ami.


On est arrivé à la maison vers 19h, en plein souper. Les enfants étaient très heureux de contribuer au déchargement de l’auto parce qu’ici, à l’épicerie, les sacs de plastique ne sont pas rationnés! Résultat net : nous avions environ 30 sacs très légers à entrer dans la maison. À chaque chose malheur est bon, même Romane, vu le faible poids des sacs, a pu contribuer à l’opération. L’environnement attendra.. De toute façon, comme il n’y a pas de recyclage ni de composte, on a besoin de beaucoup de sac pour les basura…!
Tony, fidèle à lui-même, est disparu telle une couleuvre dans un buisson et quand on est ressorti pour le remercier et lui offrir restauration et rafraîchissement, sa place de stationnement était aussi vide que nos estomacs devant les côtelettes ahumada qui nous attendaient sur la table…

samedi 28 janvier 2012

Les premiers toucans !

Jour 4 (dimanche 22 janvier)

Deuxième réveil dans notre maison, toujours aussi ensoleillée. Les enfants commencent à prendre leurs habitudes matinales. On les entend se réveiller et s’activer sommairement dans leurs chambres avant de descendre en groupe pour aller s’occuper au rez-de-chaussée. Ça donne l’occasion aux parents de se retourner et de vérifier si l’autre côté de l’oreiller est aussi confortable que celui qu’ils viennent d’abandonner… Au réveil officiel, la meute est affamée et les bols de céréales valsent avec les rôties dans un ballet effréné et sans retenu; nous craignons déjà l’adolescence!

Comme c’est dimanche et que demain on devra bien commencer à jouer à l’école (!!!) on décide de se la couler douce sur le bord de la piscine au grand bonheur des quatre marsouins. On réalise qu’on a eu une grande chance hier de visiter et de rencontrer tout le monde avec Tony. On se sent tranquillement prendre notre place dans la vie de Mango Tree.
Entre deux sessions de piscine et deux gorgées de café, on finit de déballer nos affaires et d’organiser la maison à notre goût. Comme le contenu de nos cinq valises n’est rien en comparé de tout l’espace disponible dans la maison, tout est complété avant le diner; que d’efficacité! On a même le temps d’aller ramasser des pamplemousses et des mandarines sur le terrain autour de la maison et d’essayer de faire de la limonade avec. Après avoir restauré les chacals blonds, on décide de tester nos explorations d’hier et on part en virée à Sambo Creek.


La marche sur le bord de la grande route est toute une aventure! Pour rester poli, disons que le style de conduite centre-américain est plutôt échevelé. Les voitures vont vites, double n’importe quand et les chauffeurs ne semblent pas se formaliser d’utiliser l’accotement en cas de besoin ou simplement par plaisir… C’est sans compter les klaxons et autres cris lancés à qui mieux mieux dont nous ne parvenons pas encore à déchiffrer le sens. Le petit mètre de large que nous utilisons en file indienne est parfois assez étroit et, avec la circulation et le manque d’habitude, nos esprits de parents s’embrouillent d’éventualités néfastes. Après un peu plus de cinq minutes, on tourne à droite sur la route de Sambo Creek et le stress de la route nous quitte pour réaliser que c’est dimanche et qu’il y a du monde et de l’activité en ville.


On décide de commencer par dévaler la route jusqu’à une espèce de place centrale où convergent un grand abri, une église et un magasin général (grosse puleria) dans lequel on peut entrer pour voir la marchandise. En ce point, il est différent des autres parce que les pulperias ici sont grillagées et on doit passer la tête dans un trou pour tenter de voir les produits en vente et les commander. Comme notre espagnol est limité, quand on ne connait pas le nom du produit qu’on veut, c’est toujours plus facile d’entrer et de choisir nous-mêmes ce dont on a besoin. On entre donc en groupe dans le magasin général et on y est accueilli par des adultes et des enfants fascinés par la blondeur et la blancheur de nos enfants. Romane attire toujours l’attention avec ses grands yeux bleus et ses joues roses bien rondes ! «Que linda !» En un rien de temps, elle trouve l’étalage de vernis à ongles et commence une grande entreprise de séduction auprès de sa mère et de la dame derrière le comptoir dans le but très évident de repartir avec une bouteille de vernis, rose, bien sûr! Belle prestation, mais ce sera pour la prochaine fois !

On en profite pour regarder ce qu’il y a à vendre et se procurer un ou deux articles. Les enfants sont fascinés par un perroquet dans une cage dans un coin du magasin, mais on réussit à les faire sortir et à extirper Romane du rayon cosmétique et on entreprend la remontée vers la route principale. Comme les gens nous ont vus passer en descendant, l’atmosphère est plus décontractée et on se sent proche de la de pura vida que nous avons tant apprécié au Costa Rica et dans laquelle il fait toujours bon flâner sous le soleil de plomb. Les gens sont souriants, avenants, curieux. Ils nous saluent, parlent aux enfants et on sent que d’ici quelques semaines, nous ferons partie du décor. Sambo Creek est drôlement plus agréable à marcher qu’à découvrir en voiture.

On est arrêté dans un stand de plastique, genre de Dollorama local, mais ouvert aux quatre vents, pour acheter des bacs dont nous aurons besoin pour finaliser notre installation dans notre nouveau chez-nous. On a été très heureux de constater qu’on a payé le même prix que celui qui était sur les étiquettes des bacs qu’on a achetés, comme quoi, en terres garifunas, les gringos trop blancs ne sont pas nécessairement synonyme de gros sous… On a acheté des légumes à prix dérisoire au stand permanent, mais seulement après avoir encouragé, à très fort prix, un vendeur itinérant de patates, choux et pommes.  Un heureux hasard nous a amené devant la pulperia en face du stand de légumes et mis en ligne derrière un jeune homme qui achetait de la coriandre (culantro). Ici, on retrouve la variété connue chez nous de cette herbe seulement en épicerie. Dans les villages, on croise plutôt une autre espèce qui ressemble à des feuilles de laurier. La fraîcheur du culantro dans la chaleur étouffante et le soleil qui tape est toujours un baume rafraîchissant. On a donc acheté une botte et l’avons humé sans cesse dans le soleil chaud de l’après-midi. Que de bonheur pour deux lempiras (10 ₵)!!!

En revenant chez-nous, on a investi le balcon de la chambre qui surplombe la verdure en pente de Mango Tree et c’est alors que Marie-Claude a reçu le cadeau qu’elle avait attendu pendant quatre longs mois au Costa Rica, la visite de non pas un, mais deux beaux toucans bien jaunes. L’émoi et l’émotion suscités par cette rencontre ont confiné le reste de la soirée dans une relative platitude que le manque de gaz dans la bombonne du BBQ n’a qu’accentué.
On s’est quand même couché en réalisant une fois de plus combien nous étions privilégiés d’avoir trouvé cette maison. On jaugera bien demain matin si on se trouve aussi chanceux de faire l’école à nos trois marlots d’âge scolaire…

Notre nouveau chez-nous !

Jour 3 (samedi le 21 janvier)

En arrivant hier soir, on avait bien vu que notre maison était vaste et blanche avec quelques jolis détails de bois, mais à notre réveil, on a pu constater que nous avons eu la main heureuse en la choisissant. C’est donc dans un soleil éclatant que nous avons découvert la blancheur du béton de notre nouveau chez nous. Le rez-de-chaussée est constitué d’une grande pièce ouverte divisée en trois parties, salle à manger, salon et cuisine. On entre à l’avant dans le salon, on sort à l’arrière dans la salle à manger vers la piscine et derrière la cuisine on retrouve une salle de bain, l’accès au garage et la salle de lavage. La cuisine est grande avec beaucoup d’armoires et de comptoirs. Il y a des fenêtres partout qui assurent une grande luminosité et une suave ventilation naturelle. Le blanc des murs et du plancher permet aux éléments de bois de ressortir et d’amener un peu de chaleur dans ce qui pourrait facilement être un décor plutôt froid.

Un escalier fermé de style colonial espagnol mène à l’étage. En haut, à droite, un corridor mène à deux chambres, celles des enfants, de grandeur respectable qui sont précédées d’une salle de bain avec douche plain-pied. À gauche, la chambre des maîtres, de proportions démesurées! Salle de bain complète avec baignoire et douche, walk-in de format Imelda Marcos, grand espace avant le lit avec une table deux chaises et deux fauteuils de rotin et une porte patio double donnant sur un balcon d’au moins 800 pieds carrés surplombé d’une grande pergola de ciment blanc. Bref une seconde maison à l’étage. Les plafonds et les planchers de l’étage sont en bois exotique verni et les poutres du toit sont apparentes, ce qui donne un chaleureux cachet à l’ensemble. Nous avions vu des vidéos de la propriétaire qui faisait le tour de la maison, mais ses talents de vidéaste ne sont clairement pas à la hauteur des richesses de sa maison secondaire… Nous en sommes fort aises!


Une fois notre grand tour terminé, les enfants ont découvert les corn flakes… Comme nous n’en achetons jamais à la maison, ce fut pour eux une belle découverte et un heureux adon puisque c’est à peu près les seules céréales pas trop sucrées qu’on retrouve à l’épicerie. Nous étions encore attablés que Tony est venu s’occuper de la piscine. Ça nous a évidemment permis de lui poser plein de questions qui nous étaient venues hier soir et plein d’autres qui nous apparaissaient au fil de la discussion. Il s’est gentiment prêté au jeu et a même fini par nous offrir un tour des environs dans son auto plus tard en après-midi.

Après avoir bénéficié de la piscine propre, nous nous sommes dépêchés à dîner et on s’est tous entassé dans le Rav4 de Tony pour découvrir notre nouvel environnement avec audio guide en prime. Notre maison est située dans une gated community (Mango tree villas) dont l’entrée principale clôturée et fermée en tout temps donne sur une route en gravier (côté est) perpendiculaire à la route principale (côté sud). Les gated communities n’étaient pas notre premier choix, mais considérant  que la criminalité est plus élevée ici qu’au Costa Rica, nous allons assumer notre choix. Il y a une autre entrée plus loin sur la route de gravier, mais elle n’est fermée que par un câble d’acier… Le côté ouest de Mango tree est délimité par la rivière Sambo qui se situe au fond d’un escarpement rocheux fort joli. Les côtés sud et nord sont fermés par des murs de briques et de ciment.  La route de gravier qui borde le côté est est connue comme Gringo Gultch parce qu’elle mène, un peu plus d’un kilomètre plus loin, à une petite enfilade d’hôtels qui donnent sur la plage et qui sont tous tenus par des gringos.

 
En prenant la route principale vers l’ouest, moins d’un kilomètre plus loin, on arrive à un chemin asphalté qui descend vers la mer et qui nous fait découvrir Sambo Creek, un petit village Garifuna. La route est bordée d’un enchainement de maisons et de petits commerces, pulperia, avec un stand de fruits et légumes et une boucherie. Près de la mer, la route bifurque vers la droite pour se poursuivre sur un bon kilomètre où on retrouve d’autres pulperias mais aussi des bars, un centre de plongée et la version locale de la commission des liqueurs… Bref, pas grand-chose à voir ou à visiter, mais de la vie, des enfants, et des commerces dans lesquels on peut trouver l’essentiel.

 Tony nous conseille de ne pas y traîner en fin d’après-midi parce qu’on ne sait jamais… Tony est d’ailleurs d’un naturel craintif bien que lui se décrive comme préventif…
 Peu importe, il prend la peine de nous présenter à des gens respectables et leur demande de jeter un coup d’œil sur nous quand nous serons au village. Comme il est membre de la police communautaire de Sambo creek, nous nous considérons chanceux de ce traitement de faveur.

Le voyou du village, qui s’était doté d’une arme dans les derniers temps, a été retrouvé mort sur la plage avec deux balles dans la tête avant noël. Pour le procès on repassera… On ne sait pas si ça doit nous rassurer ou non…
On est ressorti de Sambo Creek pour descendre gringo gultch jusqu’à la mer. Le premier hôtel qu’on y retrouve est le Helen. En y entrant, Tony nous présente Jack, sorte de gérant de la place, qui après deux mots ne peut cacher qu’il est québécois… Puis Jack nous présente lui-même Alain, qui tenait un magasin de vélo sur Christophe-Colomb au coin de Bellechasse(!!!), avant de venir construire, il y a 16 ans, l’hôtel avec sa femme, Helen, hondurienne qui a étudié au Québec. Eh oui, gringo gultch est en voie d’être renommé tabarnako road! Acceuil chaleureux, joli établissement, gens sympathiques, sans oublier les massages à 8U$ que Marie-Claude attend avec impatience...

On est remonté dans la voiture de Tony pour faire 200 mètres (la marche c’est pas son fort, il nous avait prévenus !) et passer devant l’Hôtel Canadien et le Diving Pelican inn avant d’aboutir au Paradise Found. Tous des établissements qui, comme le Helen, et il y en a d’autres plus loin sur la route, offrent des chambres, des repas, un accès à la mer, un bar et, pour certains, une piscine. Paradise found est donc la propriété de Dante’ et Kristin, des américains de l’Ohio qui ont tout abandonné pour se construire une hutte sur pilotis avec un bar dedans… On y a une vue incroyable sur la mer et une jolie brise climatise le tout : paradise found! Tony y tient une business de plonger sous-marine et il est partie intégrante du clan de l’endroit. Dante’ est un ancien avocat recyclé en banquier qui en avait marre et s’est transformé en pirate hondurien. C’est un personnage chaleureux et très accueillant, tout comme sa compagne Kristin. On a pris un breuvage d’usage et les garçons ont fini à la mer, en jouant tout habillés dans les vagues.
Comme le soir commençait à tomber, vers 17h30, et que la fatigue qui nous avait un peu abandonnée revenait au galop, on a quitté ce lieu où on aurait pu s’incruster si facilement. Sur le chemin du retour, Tony nous offre une dernière escale, au Diving Pelican Inn. On refuse d’abord parce qu’on est tous un peu vannés et qu’il va bien falloir se nourrir et se coucher pas trop tard. Mais Tony en remet et bien qu’on ne se connaisse pas si bien,  nous finissons par céder à son insistance. En entrant, on atterrit dans une fête gargantuesque avec un cochon rôti dépecé au centre d’une grande table côtoyé par un traditionnel rice and beans. Tony nous présente aux convives sur place qui sont en fait tous les voisins de Mango tree. Doug et Susan, les canadiens qui occupent la première maison après la barrière d’entrée, Mat, Marianne et leurs cinq enfants qui sont ici à titre de missionnaires et bien sûr Gabriel et Shanon, parents de Gabrielito dont c’est le troisième anniversaire de naissance. Comme Gabriel est un grand propriétaire terrien, on rencontre aussi ses différents hommes de main pour ses différentes entreprises… Comme les enfants sont affamés et qu’on a encore soif, ils envahissent le buffet et nous on s’attaque au bar. Une petite heure plus tard, après une pignata monumentale, un gigantesque gâteau de fête est servi et on fait connaissance avec Michelle, originaire du B.C. et propriétaire du Diving Pelican.

On a bien compris toute la justesse des intentions de Tony qui nous faisait la fleur, en un seul arrêt, de rencontrer tous nos voisins. On a eu droit aux bons mots de tous et reçu des offres d’aide et d’entraide nombreuses. Puisqu’on n’était pas encore totalement rétabli de notre arrivée, nous avons quitté dans les bonnes grâces de tous pour aller coucher notre marmaille qui le réclamait. Le sommeil nous a tous, une fois de plus, fauchés mais au moins, on avait fait le tour de notre nouveau jardin.

vendredi 27 janvier 2012

San Pedro Sula

Jour 2

Une autre nuit trop courte! Le bruit des voitures dans la rue nous a tirés du sommeil peu après sept heures et déjà, il ne faisait aucun doute que nous étions toujours en déficit de sommeil. La nuit nous a remis à flot, mais l’écueil de la fatigue était bien palpable devant nous… On s’est trainé jusqu’au petit déjeuner continental de l’hôtel et avons engouffré céréales, toasts et café avant de ressentir le besoin d’un déjeuner typique. Une assiettée du camionneur avec œufs, frijoles, crème sure et viande grillée a donc clos le festin et servi d’introduction matinale à la vie hondurienne (ou hondurassienne comme disait Marine…).

Après avoir rapaillé nos affaires et revu l’organisation de nos valises, on s’est dirigé vers la vraie vie, à l’extérieur des murs de l’hôtel, et on s’est mis à arpenter les rues du quartier nord-ouest de San Pedro Sula.De petites rues encombrées par des commerces de tous genres et avec une circulation automobile intense, vive et criarde nous ont menées au Parque Central de la ville.

Plutôt une place bétonnée en étage qu’un parc, nous y avons quand même trouvé du soleil, des gens souriants, des photographes entreprenants et des vendeurs de nourriture en vélos. En poursuivant notre marche sous une chaleur qui contrastait définitivement avec l’hiver qu’on venait de quitter, on a abouti dans un quartier plus tranquille où la végétation luxuriante donnait le ton et on a pu relaxer un peu.
 Marine, œil de lynx, a vu de loin un kiosque de fruits et elle n’a pas eu à travailler très fort pour nous convaincre de lui acheter une pipa. 15 lempiras (0,80 $) c’est pas cher pour autant de bonheur ! On est tombé sur un petit resto de poulet avec une grande terrasse à l’ombre  et on s’y est installé pour déguster un poulet citron et épices entier, des tortillas authentiques et une belle grosse bouteille de Fanta. On s’est même permis d’aller se chercher deux bières dans un restaurant adjacent et on a trouvé que ça manquait chez-nous, de pouvoir aller se chercher à boire n’importe où et partir avec dans la rue…

Puis on a fait le tour du stade Morazan avant de rentrer à notre hôtel prendre nos valises et rencontrer Polo et sa camionnette Nissan 14 passagers flambant neuve! Séparés par la barrière des langues, on ne s’est pas éternisé en présentations et on a pris la route à bras raccourcis. Le paysage ressemblait au Costa Rica mais en beaucoup plus vallonné et montagneux. Les petits villages entrecoupés de plantation de bananes, d’ananas, de café et de quelques usines de transformation, nous rappellent que la vie centre-américaine est douce et bonne.

On a tous profité des grandes banquettes disponibles pour reprendre les heures de sommeil perdues et près de trois heures plus tard, on était à La Ceiba. Nos enfants ont tellement bien fait ça dans le transport, que c’est Polo et sa femme qui sont arrêtés deux fois pour manger et aller aux toilettes, ce qui ne fut pas sans étonner nos 4 marlots!



Polo nous a attendus à la porte d’une grande épicerie et on  fait une razzia en règle pour être capable de commencer notre séjour du bon pied. Deux paniers d’épicerie pleins et une heure plus tard, nous sommes ressortis dans une pluie chaude et douce qui n’était pas sans nous rappeler notre passage au Costa Rica. Polo, la caissière et l’emballeur avaient tous l’air de se demander comment on ferait pour gérer autant de nourriture; ici, les gens achètent en petite quantité.

On a repris la route pour le dernier quart d’heure qui nous séparait de notre maison et on y a été accueilli par Tony, gardien des lieux qui habitent un appartement adjacent à la maison. On a fait un tour rapide des lieux avec lui, un peu dépassés par les événements et presque surpris d’être enfin arrivé puis on s’est réconfortés avec un souper de pâtes Barilla. Pour clore cette belle et complète journée, nos quatre petits voyageurs ont enfin eu droit à ce qu’ils réclamaient depuis le matin : la baignade… de nuit en plus ! A suivi une installation sommaire des lieux pour permettre à chacun de se retrouver rapidement dans les bras de Morphée et… lights out!

jeudi 26 janvier 2012

Jour 1 – Départ prise 1 ET prise 2!

 C’est à 3h30 AM, de l’autre côté d’une trop brève nuit       (7, 3 ou 2 heures, c’est selon…), que nous nous sommes tous réveillés, fébriles et heureux d’être enfin arrivés au moment tant attendu : le départ. Les enfants ont brièvement déjeuné pendant que les parents courraient pour terminer les derniers préparatifs, lavage, pliage, rangement, sacs pour l’avion, etc. Notre taxi est arrivé à 4 h 15, nous avons barré la maison à 4 h 30 pile, comme prévu, puis nous sommes partis, grelotant dans nos légers chandails, par moins 13 degrés. Les photos d’usage à l’aéroport n’ont été que formalité et la félicité des vacances et l’appel du Honduras nous envahissaient tranquillement. C’est une charmante dame au large sourire et aux manières un peu brusques qui nous a accueillis au comptoir WestJet avec une belle attention pour les enfants qui prenaient conscience de la réalité de leur rêve. Après avoir examiné le deuxième passeport, la charmante dame a laissé tomber un « This won’t work! » dont l’honnêteté ne pouvait entamer notre bonheur naissant. Mais après avoir constaté, nous-mêmes, de visu, que les passeports de Romane et Colin étaient échus, comme dans les films, le disque s’est mis à gricher, mal-sal! Amis, le gouvernement du Canada émet des passeports pour 5 ans SAUF pour les enfants âgés de trois ans ou moins… Eh oui!, dans la hâte, nous avions passé outre ce menu détail, ah qu’il est bon d’être imparfaits…

Après quelques supplications, la dame nous a expliqué que nous devions refaire les passeports échus… Mais à 5 h 15 du matin, elle est où la machine distributrice de passeport? Puis nos deux correspondances (nous devions voler de Montréal à Orlando puis de là à Miami pour finalement aboutir à San Pedro Sula) étaient-elles toujours d’actualité? La dame nous accompagne donc au comptoir d’American Airlines (le transporteur pour les deux autres vols) afin de voir ce qui peut être fait. Les deux sont catégoriques : il est plus que probable que nous puissions prendre un avion vers 12 h pour Toronto (avec WestJet pour ensuite aller à Miami où nous aurons 45 minutes pour attraper notre dernier vol) ou Miami (avec AA) et réussir la suite de notre itinéraire. Longue pause de 1 h 30 sur un banc d’aéroport avec les mines longues et déconfites. Pas de sourires, plus de bonheur, adieux veaux, vaches, cochons… Même les pharmacies ouvertes 24 h ne font pas de photo de passeport la nuit. Grrrr…

À 7 h on laisse nos cinq valises à la consigne de l’aéroport, à 7 h 15 on se présente au stand de taxi. Nous y sommes reçus par gérant des taxis qui nous explique que nous devons prendre deux voitures puisque nous sommes six. Non, mais… nous venons de laisser nos Samsonite à la consigne : cessez de nous remplir! trop, c’est trop! Quelques longues minutes s’écoulent en tentant de trouver une minivan propre à nous transbahuter adéquatement.

Rendu au Bureau des passeports à ville Saint-Laurent, un charmant mononc’ commissionnaire, trop heureux de brasser son change dans le fond de sa poche, vient à notre rencontre comme s’ils nous attendaient depuis qu’il avait été affecté à cet établissement paradisiaque. Il sollicite notre histoire seulement pour se déclarer incompétent après l’avoir entendu, et nous réfère à l’accueil (parce que clairement, l’accueil, ce n’est pas sa force!). Là, la fille est gentille, calme et rassurante. Elle nous donne les deux formulaires à remplir, avec les explications, et nous félicite d’avoir les certificats de naissance avec nous (on les avait apportés au cas où on se fasse voler nos passeports en voyage... Imparfaits, mais quand même prévoyants!) et d’être là, tous les deux, puisque ça va nous permettre d’être requérants et répondants et donc, de n’avoir besoin de réveiller personne… Le temps de remplir les documents, de rencontrer l’agente de passeports et de mettre en marche le processus, 8 h 30 arrive et avec lui, le Jean-Coutu contigu au bureau des passeports ouvre ses portes pour laisser Marie-Claude, Colin et Romane s’y engouffrer pour se faire photographier. 8 h 45, tout est fait, 9 h on nous appelle pour nous remettre les jolis nouveaux documents tant espérer et nous voici en route, à nouveau, pour Montréal-YUL.

Au comptoir de West Jet, un plantureux sud-américain est venu à nos devants pour nous demander si nous étions la famille aux passeports expirés (…) et nous a référé, au pas de cavalerie, au comptoir American Airlines, parce qu’ILS allaient s’occuper de nous. En arrivant là, on retrouve la même dame que 4 heures plus tôt qui nous annonce fièrement qu’elle a tout arrangé et même réservé nos places (les 6 en lignes SVP!) pour les deux vols. Oui, oui, tout ce brasse-camarade nous aura sauvé une escale!
Quand on s’est assis pour dîner vers 11 h 15, on était convaincu qu’il était 15 h… Vannés, déconfits, peu d’adjectifs pourraient décrie notre état. On s’est donc fait une bouffe improvisée (avec des sandwichs à 9$... ben oui! Tsé! un aéroport…) et ensuite on a fait une grande séance d’espionnage de Marc Trestman avant d’embarquer à bord de notre avion avec un personnage qui ressemblait à Don Cherry en plus mince et en beaucoup plus gai suivi de près par Éric Lapointe qui même à jeun à l’air d’un lendemain de veille!!!


La suite du voyage est sans histoire comparé à ce que nous venions de vivre et quand Charles s’est fait arnaqué 30 lempiras (1,50$) par un frotteux-porteur-de-valise à San Pedro Sula seul un rire et beaucoup de reconnaissance ont suffi pour aboutir dans le taxi qui nous a conduit à l’hôtel Los Jicaros.

Là, nous avons rencontré le proprio (qui a étudié à Lennoxville!!!) et qui nous a reçu comme nous le méritions depuis le matin. Le temps de déposer nos valises dans la chambre, d’enfiler shorts et gougounes (yesssssss!) et on était attablés à la terrasse sur le toit à décider quelle sorte de bière on allait prendre pour décompresser, finalement! Port Royal et Barena ont retenu notre attention comme coupe-soif et on a commandé quatre assiettes de différentes choses pour essayer d’asseoir tout ça. Avec la première gorgée de bière est arrivé le sentiment incroyable d’avoir réussi ce que nous avions eu, le matin, si peur de manquer : le dépaysement du voyage. C’est à ce moment précis que nos enfants qui, depuis le matin, s’étaient comportés comme les meilleurs voyageurs que la terre ait portés ( pas entendu le moindre chialage de la journée) se sont transformés en animaux bi-neurones survoltés. La bière aidant et le temps d’attente de notre repas s’allongeant indument, ils se sont savamment relayés pour exulter leurs stress, angoisses, fatigue et autres sentiments que cette inoubliable journée avait suscités en eux. Nous avons dû mettre moins de 7 minutes pour tout avaler la nourriture qui nous fut présentée en immédiatement une fois la dernière fourchette déposée, mais vraiment immédiatement, nous sommes tous passé en mode de zombie. Levés à 3h30 et couchés à 12 h 30, même adulte, ça s’appelle une journée bien remplie, imaginez à 3, 5, 7 ou 9 ans…

Le sommeil nous a fauchés sans crier garde et nous ne demandions pas mieux, parce qu’on était rendu et que de telles épreuves annoncent généralement, en comparaison, des lendemains légers et faciles.

samedi 14 janvier 2012


Bienvenue dans notre nouveau chez-nous virtuel!

Si vous êtes ici c'est probablement parce que lasmalaaucostarica vous a intéressé, diverti, amusé ou simplement parce qu'on vous a envoyé un courriel pour vous avertir que nous récidivions. Récidivistes nous serons pour les trois prochains mois puisque nous les passerons au Honduras dans ce que nous espérons être un nouvel éden issu de notre désir de voyager, de vivre et faire vivre des choses nouvelles à nos enfants. Sans rien promettre, vous trouverez ici le récit, sans prétention, de nos activités quotidiennes. Vous aurez droit à nos grandes joies, nos petits bonheurs, nos fabuleuses découvertes, mais aussi à notre petite routine quotidienne familiale. Nous vous invitons à laisser un commentaire ou un message, ils nous font plaisir et c'est toujours un peu irréel de constater que vous nous lisez. Puissiez-vous saisir, un peu, ce que nous avons la chance de vivre. Bonne lecture!

Pour les curieux ou les intéressés, notre grand Jules fera aussi sa part pour communiquer sur le web. Vous serez donc à même de constater toute la qualité de l'enseignement dispensé à l'école Paul-Bruchési ! Vous pourrez suivre sa prose ou ses projets au julesauhonduras.blogspot.com

Début de la dernière ligne droite
Une journée de week-end et trois petites journées de semaine, voilà tout ce qui reste avant jeudi matin 3 h 30, heure de notre départ de la maison. Nous sommes en bonne position pour terminer nos préparatifs à temps et nous envoler, l'âme légère vers notre nouvelle aventure familiale. Ce n'est pas encore la frénésie, mais nous sentons bien monter en nous l'excitation et l'envie de nous retrouver enfin au lieu. Charles a terminé un contrat vendredi dernier et Marie-Claude est déjà triste à l'idée de n'avoir que deux petites journées de travail devant elle...