Jour 38 (samedi 25 février)
On a réussi
à se lever à une heure respectable pour des gens qui veulent accomplir de
grandes choses et, après une routine matinale écourtée, on s’est empilé dans
notre minivoiture pour gagner la Réserve Sylvestre de Cuero y Salado. Il nous
faut tout d’abord nous rendre dans les environs du petit village d’El Pino que
nous avons découvert la semaine dernière et, selon la carte que les gens de la
FUCSA nous ont remise, tourner à droite entre deux champs d’ananas. Comme cette
région n’est qu’un vaste champ d’ananas et que chaque route qui les traverse a
l’air aussi poussiéreuse qu’inempruntée, on passe tout droit et on fini par
devoir retourner sur non pas par une route secondaire de gravier et poussière.
Celle-ci nous mène au cœur du bled de La Union dans lequel il nous est assez
facile de trouver le point de départ (l’utilisation du terme gare serait exagérée!)
d’un ancien chemin de fer.
Il s’agit
en fait d’une voie ferrée jadis utilisée par la compagnie Dole, toujours bien
présente dans les environs (les ananas!). Le train de deux wagons sert
maintenant de seul moyen de transport pour atteindre la petite communauté
résidant au confluent de la mer et des rivières Cuero et Salado. Le passage
familial nous coûte quand même 500 lempiras (25$) et le cliquetis des rails
nous mène, en 45 minutes, à travers champs, maisons et marécages à notre
destination.
On croise même un troupeau de vaches qui ne se formalise
aucunement de la présence de notre petit train dans leurs vacations. Les
enfants sont fascinés pas la traverse à ras le coup du troupeau pendant que
notre wagon emprunte,lui, un petit pont.
En
débarquant, on se rapporte à l’accueil de la Réserve et on rencontre une
Hondurienne de Tegucigalpa qui a étudié à Marseille et qui est bien heureuse de
pratiquer son français, sans accent svp!
Le bateau
se déplace lentement sur les canaux en longeant les arbres, d’impressionnantes
mangles rouges dont les racines, aériennes en grande partie, plongent dans
l’eau depuis les branches. Nos guides scrutent la forest et l’eau pour y
repérer une faune qui, même sous le soleil de midi, se laisse voir. Nous avons
arpenté les mangroves pendant deux heures et y avons vu des iguanes, plusieurs
types d’oiseaux pêcheurs dont un a attrapé un poisson devant nous, des
crocodiles, une tortue qui se chauffait sur une grosse roche, plusieurs morphos
bleus, deux toucans ainsi que des singes hurleurs et capucins.
Dans le
stationnement, on a découvert que le conducteur de train était aussi un
« pusher » de pipa, et on s’est fait un devoir de s’abreuver d’un
délicieux fruit vert et orange avant de se lancer sur une nouvelle route de
poussière. On a finalement trouvé le chemin recherché plus tôt entre deux
champs d’ananas et en arrivant sur la grande route, on s’est une fois de plus
trompé de côté en cherchant un restaurant que nous avions repéré ce matin…
Décidément,
cette route n’a aucun sens pour nous!
Le
restaurant en question était un genre de petit complexe avec piscine, bar,
salle à manger, terrains de soccer et de volleyball, hamac, balançoires et
tables sous des toits de chaume. Les parents se sont donc attablés sous une
« champa » et les enfants sont disparus pour profiter de tant d’offres
de jeux. On s’est littéralement régalé de poisson frit, entier et en filet, et
de crevettes frites et à l’ail. Ce fut un repas tout en tranquillité qui
cadrait à merveille avec le côté contemplatif de la visite que nous venions de
compléter.
On est rentré
à La Ceiba dans un embouteillage monstre et on a tout juste eu le temps d’aller
chez Claro faire configurer notre deuxième ordinateur pour notre
« nouvelle » connexion internet et de s’approvisionner en bière au
dépôt à glissoire rigolote. En rentrant chez nous, on a trouvé le moteur de la
piscine qui ne marchait plus et, devant le spectre du retour de la piscine
verte, Charles est allé demander à Doug, le voisin canadien, de venir tenter
une manœuvre de réanimation sur la pompe. En une heure, éclairés à la lampe de
poche, la pompe fut démontée, le problème identifié et une solution temporaire
mise en place : maintenant, il faut faire un court-circuit sur la pompe
avec un tournevis pour la mettre en marche! Notre désoeuvré voisin en a profité
pour coller sur le bord de la piscine pendant les trois heures qui ont suivies,
mais sa conversation pragmato-philosophique de Canadien exilé a quand même été
rafraîchissante. On n’a quand même pas pleuré son départ, mais on lui est
reconnaissant d’avoir pris le temps de préserver le bleu de notre piscine,
surtout que ce n’est pas Tony qui se serait donné ce mal!
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